Épiphanie du Seigneur
Abbé Jean Compazieu | 27 décembre 2020En marche vers la Lumière
Textes bibliques : Lire
Les trois lectures de cette fête de l’Épiphanie sont l’annonce d’une même grande espérance. Cette bonne nouvelle n’est pas seulement pour Israël ni pour les chrétiens. Elle est offerte à tous les peuples. Tous sont appelés jusqu’à la crèche du Christ Sauveur. Le Christ n’est pas venu seulement pour le monde juif mais aussi pour tous les peuples du monde entier. Plus tard, il livrera son Corps et son Sang pour nous et pour la multitude. C’est cette bonne nouvelle que nous trouvons tout au long des textes bibliques de ce dimanche.
Dans la première lecture, le prophète Isaïe nous montre que les nations païennes marchent vers la Lumière de Jérusalem. Et pourtant, au moment où il fait cette annonce, cette ville est pratiquement rayée de la carte. Mais le prophète la provoque : “Debout !” Le Seigneur a toujours libéré son peuple. Il est hors de question de sombrer dans le défaitisme. Toutes les nations, y compris celles qui étouffent Jérusalem, s’inclineront devant le Seigneur. Dans les périodes sombres, ce cri du prophète continue à nous interpeller. Quoi qu’il puisse arriver, les croyants ne doivent pas baisser les bras.
Dans la seconde lecture, saint Paul nous annonce que “l’appel au Salut est universel”. C’est la découverte extraordinaire que Paul lui-même a faite sur le chemin de Damas : “Les païens sont associés au même héritage, au même Corps, au partage de la même promesse dans le Christ Jésus.” Autrefois, il pensait que les promesses de Dieu ne concernaient que les fils d’Israël. Maintenant qu’il a compris, il se lance de toutes ses forces pour que cette bonne nouvelle soit connue partout dans le monde. À travers ses discours, ses lettres et ses voyages dans le monde païen, il témoignera inlassablement de cet amour du Christ offert à tous.
L’Évangile nous montre que les premiers adorateurs du Messie Roi ont été des païens. Pour se rendre à Bethléem, ils ont été guidés par une étoile, puis par l’Écriture. Les chefs religieux qui connaissaient bien la Bible les ont orientés vers cette ville toute proche de Jérusalem. Arrivés devant ce nouveau-né, ils lui offrent leurs présents : l’or destiné à un roi, L’encens à un Dieu, la myrrhe à un mortel. Comme ces mages, nous sommes tous appelés à la crèche de Noël pour y rencontrer le Seigneur et l’adorer.
Ces mages dont nous parle l’Évangile représentent toutes les nations païennes qui viennent se prosterner devant leur Sauveur. À travers eux, c’est le monde païen qui a accès au Salut. L’Évangile nous dit comment ils se sont mis en route. Mais c’est Dieu lui-même qui a agi dans leur cœur. Plus tard, Jésus dira : “Personne ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire vers moi’. Cet Évangile de l’Épiphanie doit être lu à la lumière de la Pentecôte. Ce jour-là, les peuples rassemblés à Jérusalem découvriront la foi au Christ annoncée dans leur langue.
Dans nos pays, nous avons l’habitude de rencontrer des gens de diverses nationalités. Leur cohabitation n’est pas toujours facile à gérer. Mais il faut le dire et le redire : le racisme, l’intolérance et le fanatisme aveugles n’ont rien à voir avec Dieu. S’il appelle tous les hommes c’est d’abord pour les accueillir et leur montrer son amour universel. Tous, même les plus grands pécheurs ont leur place dans la caravane des mages. C’est cette bonne nouvelle que nous trouvons tout au long des évangiles.
En ce jour de l’Épiphanie du Seigneur, il n’est plus possible de rester bien entre nous. Le Christ est venu pour tous les hommes du monde entier. Nous les portons tous dans notre prière. Notre priorité doit être comme celle du Christ pour tous ceux et celles qui ne connaissent pas Dieu. En ce dimanche, notre solidarité et notre prière sont tout spécialement pour les communautés chrétiennes d’Afrique. Et bien sûr, nous n’oublions pas nos pays d’ancienne chrétienté qui ont un besoin urgent d’une nouvelle annonce de l’Évangile. Le Christ doit être présenté à tous avec la même chaleur et la même joie que Marie aux mages.
Au début de cette nouvelle année, nous recevons cet appel à devenir des assoiffés de Dieu. Ainsi, nous serons pour les autres comme une étoile qui leur donnera envie d’en faire autant. C’est cela que nous pouvons nous souhaiter les uns aux autres pour que 2021 soit une bonne année. En ce jour, nous nous tournons vers lui : “Lumière des hommes, nous marchons vers toi. Fils de Dieu, tu nous sauveras.”
Sources : Revues liturgiques, Lectures bibliques des dimanches (A Vanhoye), Tout près de toi cette Parole (Jean Pouilly), Ta Parole est ma joie (Joseph Proux)
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Homélie du 1er janvier : Lire
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Les mains de Marie
Si l’or, l’encens et la myrrhe sont bien offerts à Jésus, c’est Marie qui reçoit les présents des mains des mages et qui dit à son fils, comme toutes les mamans du monde lorsque leur enfant reçoit un cadeau : Regarde ce qu’on t’offre ! »
Marie est celle qui nous introduit à Jésus. Elle est médiatrice auprès de lui. Quand nous voulons offrir quelque chose à Dieu, ayons soin de l’offrir par les mains de Marie. Le Curé d’Ars disait un jour : « Lorsque nos mains ont touché des aromates, elles embaument tout ce qu’elles touchent ; faisons passer nos prières par les mains de la Sainte Vierge : elle les embaumera. »
La fête de l’Épiphanie célèbre la manifestation de Dieu au monde ! L’Évangile nous propose un récit pittoresque : « Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : ‘Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui.’ » (Mt 2:1-2) Guidés par l’Étoile, les Mages vont à la recherche de la Lumière qui vient éclairer notre monde. À travers eux, Jésus se révèle à toutes les nations. On peut lire dans ce récit la marche des hommes en quête de Vérité. « Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. » (Jn 1:9)
Les textes liturgiques de ce dimanche illustrent le rassemblement de tous les peuples autour de Celui qui vient apporter la ‘Bonne Nouvelle’ au monde. Le prophète Isaïe annonce la marche pacifique de toutes les nations convergeant vers la Lumière qui se lève en Israël. « Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. » (Is 60:1) Saint Paul voit dans cette révélation du Christ le plus grand événement de l’histoire de l’humanité : « Ce mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. » (Ep 3:6)
De tout temps, nombreux sont ceux qui se lancent à la recherche d’un idéal qui donne du sens à la vie. Dans cette quête, personne n’ignore que les points d’ombre seront nombreux sur la route ! Un chemin semé d’embûches où l’obscurité bouche souvent la vue. De même, dans tout parcours de foi, aucun chemin spirituel n’est entièrement lumineux. Il y aura des moments de ferveur mais aussi de doute ! Des instants de grâce et aussi de découragement… On part à la recherche d’un trésor caché sans savoir à l’avance quel sera l’aboutissement. Une quête harassante mais la persévérance finira toujours par payer ! La lumière apparaîtra comme une surprise. Pour les Mages, ce chemin est parfois plongé dans l’obscurité mais ils ne se découragent pas pour autant. Et leur surprise est immense en découvrant la Vérité : le Roi qu’ils cherchent est tout autre que ce qu’ils croient ! Il est tout simplement le fils d’un artisan, endormi dans une mangeoire d’animaux ! L’audace de ces Sages c’est qu’ils osent croire qu’ils ont atteint le but recherché. C’est bien Lui le Roi qu’ils cherchaient.
Contrairement à une lumière éblouissante qui aveugle et provoque des mirages, Jésus se fait connaître au monde dans le dépouillement et l’humilité. ‘Dieu se propose, il ne s’impose pas; il éclaire, mais il n’éblouit pas’ nous dit le pape François en la fête de l’Épiphanie, le 6 janvier 2019. Il nous exhorte à ne pas ‘confondre la lumière de Dieu et les lumières du monde’. Celle du monde ne sont que des ‘éclats séduisants du pouvoir et de la scène’. Celle de Dieu ‘resplendit dans l’amour humble’. La ‘lumière de Dieu’ nous ouvre des voies inconnues et change notre façon de penser et de vivre. Apprenons à lire le signe des temps. Ouvrons notre cœur pour discerner en toute chose sa vraie dimension. Ne nous butons sur le premier obstacle venu. La Vérité se cache des fois derrière les événements les plus simples de la vie. Sa révélation n’est pas forcément une ‘étoile’, mais peut-être une personne rencontrée, un livre qui nous tombe sous la main, un événement qui semble anodin ou une pensée qui nous traverse l’esprit… Le grand message de l’Épiphanie, c’est la rencontre avec Jésus. Ce que nous découvrirons dépasse de loin tout ce que nous pouvons espérer.
Aux jeunes réunis à Rome en 2000, le Pape Jean Paul II disait : ‘En réalité, c’est Jésus que vous cherchez quand vous rêvez de bonheur, c’est lui qui vous attend quand rien de ce que vous trouvez ne vous satisfait ; c’est lui la beauté qui vous attire tellement […] c’est lui qui vous pousse à faire tomber les masques qui faussent la vie […] C’est Jésus qui suscite en vous le désir de faire de votre vie quelque chose de grand, la volonté de suivre un idéal, le refus de vous laisser envahir par la médiocrité, le courage de vous engager avec humilité et persévérance pour améliorer la société et la rendre plus humaine et plus fraternelle.’ Et il ajoutait : ‘Faites du Christ votre boussole !’
Nguyễn Thế Cường Jacques